La liberté est communément accrochée au statut d’indépendant.e, reconnaissant à l’individu le pouvoir d’agir, parler ou penser selon sa propre volonté (extrait de l’Oxford English Dictionary).
Cette définition a quelque chose de rassurant dans la reconnaissance de notre individualité, de notre parole, voire de notre intention artistique. Mais elle nous isole et invisibilise l’environnement dans lequel nous nous inscrivons. Elle tait les relations que nous tissons avec cet environnement pour en être pleinement acteur et actrice.
Certaines conceptions de l’entreprenariat vont même jusqu’à identifier ce qui est extérieur comme une menace ou une opportunité (le célèbre SWOT a démocratisé ce raisonnement).
Une pensée plus holistique, se rapprochant de l’éthique relationnelle de Spinoza, nous permet de poser un autre regard sur nos actions.
Nous pourrions être jugé.e.s, en tant qu’individu libre, par ce que l’on fait et non par ce que nous sommes. Nous étudierions alors la manière dont nos actes et nos paroles affectent le collectif. Et la manière dont le collectif affecte nos actes et nos paroles.
Affecter et être affectée peut être considéré comme la mission principale de toute démarche artistique et culturelle. Cette capacité pourrait donc bien être notre principal critère d’évaluation.
A la coopérative, nous sommes indépendant.e.s et en relation permanente les un.e.s avec les autres, à minima par le partage d’un numéro SIRET, au mieux par le développement de complicités humaines et artistiques.
Nous pourrions donc nous poser cette question :
dans les faits, comment nous affectons-nous les un.e.s, les autres ? comment affectons-nous et sommes-nous affecté.e.s par l’environnement dans lequel nous nous inscrivons ?